Le calame, pour une écriture sensible

Le calame, pour une écriture sensible

Émotion crystalline interstitielle

Un oiseau majestueux aussi bleu que le ciel qu’il est en train de traverser entre la nuit et le jour naissant attire mon attention alors que je sors tranquillement du sommeil en jetant un coup d’œil à l’extérieur. Quelques étoiles encore visibles l’accompagnent.  Il ouvre toutes grandes ses ailes avec élégance et traverse l’océan aérien qui maintenant arbore des nuances de turquoise. Puis, il se propulse habilement tout juste devant un soleil aux premières lueurs du jour qui nous éclabousse avec des rouge-écarlate, des pourpre immaculés, des rose tendres et des oranges enflammés.  Mon cœur ne peut retenir sa joie face à ce spectacle unique et pourtant répété tant de fois de mille et une manières distinctes. On dirait un conte de fée et pourtant c’est un événement quotidien bien réel qui se répète un peu différemment à chaque matin. Cela suscite en moi une question en apparence toute simple : pourquoi favoriser une émotion au détriment de tant d’autres possibles ?  Même les émotions tristes ont quelque chose de précieux à nous chuchoter à l’oreille à propos de qui nous sommes vraiment.

 

Pourtant, Il n’est pas facile d’affronter la tristesse, la peur ou la colère alors, on refoule ce surplus émotionnel dérangeant.  À un moment donné, cela fait des bulles que l’on repousse de plus belle et encore plus profondément.  Et le temps qui passe n’arrange rien.  Les sens ameutés continuent la combustion silencieuse jusqu’à ce que le chaudron déborde de toutes parts.  Alors, on s’empresse de nettoyer en tâchant de tout remettre en ordre au plus vite !  Mais de quel ordre s’agit-il exactement ?  Le normatif ou le superlatif ?  Pour me réaliser pleinement, j’ai fait le deuxième choix, le premier étant trop restreint pour moi. En effet, j’ai décidé de vivre mes émotions avec intensité et détermination, avec intégrité aussi.  C’est alors seulement que je suis devenue moi, une personne unique que l’on ne peut plus manipuler.  Cela en a dérangé plusieurs et encore aujourd’hui, cela en rebute encore d’autres à me fréquenter.  La vérité fait peur.  La franchise même tout en délicatesse en décourage plusieurs.

 

Comment suis-je devenue ainsi ?  Accordez-moi encore quelques instants pour que je puisse  vous parler de ce chagrin qui m’a un jour jeté dans un Vide absolu qui n’avait ni début, ni fin.  Suspendue dans l’espace avec pour seul objet à quoi me raccrocher : une lanterne à la main comme un petit phare dans la nuit la plus sombre de mon existence, dans ce couloir étroit, cet univers impossible, j’ai presque tout vu de mes yeux et j’ai deviné le reste.  Je suis devenue muette de stupéfaction.  Ce qui m’a alors sorti de l’abime de haut en bas et de bas en haut dans lequel j’étais plongée accidentellement, ce fut une présence qui s’est soudainement manifestée alors que j’étais hors de mon corps.  Je me suis sentie aussitôt différente et surtout moins seule.  J’ai immédiatement réintégré ma maison humaine, c’est-à-dire mon corps et j’ai su pour la première fois de ma Vie que je n’étais pas seule et que je ne l’avais jamais été.  Cette présence aimante semblait en total état de grâce et je pouvais ressentir sa joie pléthorique.  J’étais à la fois moi, c’est-à-dire triste et désemparée, mais je pouvais quand même percevoir clairement ce que cet être ressentait. Je « savais » que son bonheur qui m’était insoutenable dans l’instant était occasionné par le fait que j’avais enfin découvert sa présence.  Je « pressentais » de la même manière, comme par une sorte de télépathie qu’il avait toujours été là pour moi depuis le début de ma vie.  Son état de béatitude riante (eh oui, il riait …)  m’étais dans l’instant  quasi insupportable et, bien que je fusse plutôt contente de cette découverte, j’avais envie de le fuir car il était bien trop heureux pour moi.  Mais je suis restée.  Je n’ai pas perdu mon amertume sur le coup et cela me prendrait encore du temps.  Je pourrais vous parler de lui (eh oui, je l’ai identifié à un homme, bien qu’il n’ait pas vraiment de sexe) encore longtemps mais je vais m’en tenir à ceci pour aujourd’hui : nous ne sommes pas seuls, je pense que nous sommes entourés de présences invisibles bienveillantes.  Personnellement, je préfère m’en tenir à cette unique présence qui me semble beaucoup plus près de moi pour poursuivre ma route.  Sûrement, qu’il y a aussi de ces présences moins philanthropiques mais je suis pas mal certaine qu’il suffise de les ignorer pour s’en débarrasser. 

 

À la suite de ce redressement inespéré de mon existence, j’ai fait de mon mieux pour écouter toutes les paroles des poètes disponibles en spectacles, ici et là, et cela me soignait aussi et me faisait un bien inestimable.

 

Aujourd’hui, il m’arrive parfois de me précipiter moi-même entre l’humain néandertal et le néant total. Je me lance du sommet de ma suffisance dans le non-être et je le fais sans crainte et sans sortir de mon corps, en assumant mes états d’âme entièrement, grâce à cette force lumineuse que je peux maintenant sentir en pleine conscience.  Mon guide spirituel m’accompagne dans cet étrange pèlerinage qui n’appartient qu’à moi, semble-t-il ?  C’est dans le magma de mes émotions que je me baigne alors en chantant haut et fort pour les vivants et … les êtres chers déjà décédés !  Que c’est beau la Vie et … j’en veux plus encore et toujours …

 

Ah oui j’oubliais, ma relation avec mon guide spirituel est pour ainsi dire en constante évolution.  Elle change subrepticement, au fil du temps qui passe et qui n’est jamais pressé, en m’aidant à me découvrir encore davantage mais cela c’est une autre histoire que je vous réserve pour plus tard.  À suivre …

 



23/09/2019
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