La peau de l'hérésie
La peau de l’hérésie
Ce ne sera ni en vers ni en alexandrins
Ce sera trop simple et vraiment cru
Ça parlera de moi
De mon instinct
De mes pulsions naturelles
Et surtout de toutes les fois où j’ai eu
Les larmes aux yeux !
À chaque jour de ma vie, j’ai eu et j’ai encore
Cette pluie tendresse qui mouille le regard
Pour ce ciel rougeoyant de l’aube naissante
Pour le spectacle quotidien et gratuit
De tous ces crépuscules magiques en mouvance perpétuelle
Pour toutes ces couleurs parfaites de l’arc-en-ciel
Pour les nuages métamorphes et évanescents
En transmutation de seconde en seconde
Pour les suffragettes
Les féministes
Ma sœur qui est elle-même si unique et précieuse
Ma mère dont le mot souffrance n’a jamais suffi à la décrire
Mon père dépressif et violent
Mon frère ainé, le gentil, le brillant
Mon autre frère ainé, le deuxième, le souffrant
Les toiles magiques de mon ex dont je ne cesse de faire la publicité malgré moi tant elles parlent à mon cœur, y créant presque malgré moi une ouverture enchantée de couleurs et de formes si diversifiées
Il s’appelle Evens Girard
Pour ce magma d’images et de sensations qui habitent mon âme en permanence
Pour cette fébrilité qui ne me tue pas et qui au contraire nourrit mon être
Pour toute cette absence de force qui m’empêche de mener de vrais combats
Sauf le mien …
Pour mon égoïsme qui se cache sous des fleurs
Et aussi pour mes vrais élans de générosité
L’égoïsme côtoyant malgré tout l’altruisme de temps à autre
Pour cette sagesse que m’impose l’âge
Puis il y a les papillons monarques qui arrivent à destination au bout de trois générations
Dans les forêts du Mexique
Et le manchot royal, pingouin qui protège sa progéniture en tournant en rond
Réchauffant son petit à l’aide d’un repli de sa peau, père et mère participant au rituel de survie de l’espèce dans l’antarctique si froid
Il y a aussi tant de formes de vie diverses dans les fonds marins qui dépassent totalement notre entendement avec des poissons comme le Serranus tortugarum qui change de sexe jusqu’à 20 fois par jour et ce, avec le même partenaire ! … Et que dire de ces lions de mer violents mais si magnifiques à regarder.
Dans le monde auquel j’appartiens, la vie éclate et s’éclate comme autant de variétés de fleurs et d’insectes qui les imitent pour mieux s’en nourrir en toute sécurité. Et tout cela arrive à chaque instant de façon totalement anarchique et on s’étonne de ne pas être en mesure de s’y retrouver, de notre court passage parmi toute cette Vie qui prend son pied dans la multitude, qui se bat constamment pour sa survie.
Et puis, il y a aussi mon ami Serge en chaise roulante qui a la sclérose en plaques et qui me parle souvent de tout ça avec bonheur, malgré tout, avec sa voix devenue un filet tendre mais difficile de bien l’entendre, faut rester bien concentré pour apprécier chaque moment où il prend la peine de se confier sur tous les sujets, échanges difficiles mais ô combien précieux. Merci mon ami.
Et puis, et puis … Il y a aujourd’hui où je vais publier ce fragment mal digéré, inachevé, ce passage à côté de la culture officielle qu’il me faut pourtant vous confier car il contient du bonheur, de la joie et de la belle espérance dont on ne peut se passer …
Auteure : Carole Brazeau
Le 15 mai 2023
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