Birdy
Birdy
J’ai toujours pensé et dit en reprenant les paroles de Confucius (551 ans avant J-C) que « la vie ne sera que ce que vous pensez ». Et s’il en était de même de notre mort ? Alors cette expérience ultime serait comme je l’imagine, innocente, sans détours, tournant une page définitive purement spirituelle en se laissant guider et inspirer par mon imaginaire.
Si au moment de me retrouver dans l’autre dimension, je devenais fleurs : primevère, jonquille, lotus, orchidée, pivoine, glaïeul, rose rouge ou belle de jour. Et l’instant d’après, je serais un tout petit moineau fragile aux plumes ébouriffées, de couleur brune striées de gris et si banal que peu de gens me remarqueraient. Je tournerais ma tête rapidement d’un côté puis de l’autre pour mieux voir un œil à la fois en sautillant du plaisir d’être là que je sois vu ou non. Cet oiselet, je le nommerais volontiers Birdy. Son vol agile et léger bientôt se transformerait et il deviendrait alors une autre espèce : cardinal, rouge gorge, buse, cockatiel, hiboux comme le Grand-Duc effectuant une rotation de la tête à 270 degrés (!) pour mieux percevoir tous les détails de son environnement. Devenue aigle et obsédée par de hautes voltiges interminables, je finirais par me poser sagement pour changer de corps et devenir un bel arbre rempli de grandes feuilles vertes en forme de cœur comme le superbe Catalpa de l'Ouest avec ses magnifiques grappes de fleurs qui se balancent toutes légères selon les humeurs du vent. Libérée de mon unique corps, je continuerais ainsi à me métamorphoser. Tiens par exemple et pourquoi pas, je pourrais être l’instant d’après un lièvre bondissant gaiement et à vive allure ou un raton laveur plein de curiosité avec des petites mains pouvant ramasser de tout petits objets au sol.
Pourquoi pas un magnifique lion rugissant de puissance et de hardiesse comme un roi régnant sur tout et rien ou une merveilleuse panthère noire au pelage luisant avec l’allure altière, noble comme une reine avec sa démarche ondulante si particulière. Ah oui et l’instant d’après, je pourrais être un immense ours brun ou un splendide grizzly tout blanc et tout duveteux, me nourrissant de préférence de végétaux, heureuse de posséder un corps si imposant. Et je pourrais aussi me faire louve fidèle et bien accompagnée pour la vie, veillant sur ma meute tranquillement à l’abri des humains parfois dominateurs et importuns.
Du fond des mers, je pourrais tout aussi bien être dauphin, baleine ou raie manta océanique géante ressentant la caresse d’une vague issue des profondeurs comme un remous fortuit enveloppant et hypnotique se propulsant vers la surface et secouant mon ennui au rythme du ressac perpétuel.
Par-dessus tout, je me verrais bien flotter dans un ciel bleu immaculé avec son décor étoilé parmi les constellations de la nuit venue alors que la lune m’accorderait la faveur immense de marcher sur son sol crevassée et satellitaire. Mon corps fluide et translucide baignant au petit matin dans la lumière du Soleil, le regard sans limite tourné vers les galaxies lointaines où joyeusement je pourrais peut-être me promener d’une couleur à l’autre de l’arc-en-ciel en devenant chaque teinte, une minute pour chacune d’entre elles. J’aurais aussi le pouvoir irrépressible de recommencer autant de fois que je le souhaiterais dans ce manège irisé sans début ni fin. Le cosmos pourrait consentir à me faire faire une visite guidée des trésors de l’univers, même dans ses trous noirs les plus obscurs, la science nous dit maintenant que la lumière contourne sciemment les êtres et les choses aspirés semblant devenus silencieux jusqu’à preuve du contraire.
Puis finalement, je me fondrais dans la moindre parcelle d’un monde vaste et multiple rempli à ras bord de vie et de tout ce qui est inanimé aussi bien. Si au bout du compte, éblouie et contemplative, j’acceptais de faire partie du GRAND TOUT de mon plein gré, submergée d’Amour divin inconditionnel. Ô, si c’était ça le fin mot de mon histoire inventée mais pas si impossible que cela après tout.
Et si quitter ce monde n’était pas seulement la plus importante épreuve qui me sera donnée d’expérimenter mais aussi la plus fabuleuse des libérations inespérées ? Je pourrais même faire un retour sur terre en participant à nouveau à la race humaine pour une autre balade mais ça c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être la prochaine fois.
Moi xx
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